Terroir - Contes et légendes

CONTES ET LEGENDES


La légende du Fond de cristal

Lemarlin François, charbonnier de son état à Petite-Mohueure, au fond de la forêt, trimait tout l’hiver et tout le printemps pour fabriquer du charbon de bois destiné aux forges des alentours. Il avait quatre enfants dont la fille aînée, surnommée <la Blanche, était ravissante, très gentille, très travailleuse et très courtisée par les garçons ; ce qui n’était pas du tout du goût du père qui voulait garder sa fille à la demeure pour s’occuper des tâches familiales et élever ses frères en bas âge.

Blanche tomba amoureuse de Pierre, employé par les moines de la Chapelle au Bois. Très contrarié, le père hurla sa colère et ses cris firent fuirent bon nombre d’animaux. Les renards se cachèrent dans leurs terriers, les loups quittèrent le bois de Corbas, les biches se réfugièrent à Saint-Pierremont, les fées du grand chêne se pétrifièrent. Même la sorcière de la forge de Pérotin en trembla dans ses guenilles et les poissons du Conroy et du Verlambo émigrèrent vers le courant de l’Orne.

La charmante Blanche comprit que son amour était illusoire et pleura de nombreuses et lourdes larmes de la désapprobation paternelle.

C’est là que nous autres, lutins des espaces sylvestres, sommes intervenus. Au printemps, le François trouva tout le bois qu’il avait préparé pour dresser son foyer recouvert d’une épaisse couche de glace et l’aubier se cassait comme cristal à chaque attouchement.

Dans le vallon glacé, les arbres dans leurs écrins de verre réfléchissaient les rayons du soleil qui semblaient être figés dans le froid. Au fil des heures, Lemarlin remâchant des sacs d’idées noires, s’aperçu que chaque fois qu’il pensait, apaisé, à Blanche sa fille, des gouttes d’eau perlaient des branches. Lorsque son ire reprenait le dessus, le gel revenait, plus vif et plus mordant.

Petit à petit, il comprit qu’il ne pourrait pas s’opposer au mariage de Blanche et plus ses pensées étaient bénéfiques pour cette union, plus les glaces qui emprisonnaient les bûches s’amincissaient pour finir par disparaître complètement sous un grand trait de soleil triomphant.

Il pu ainsi terminer son travail de charbonnier et lorsqu’il revint souriant au village, il donna son assentiment pour le bonheur de son enfant.

Plus tard, il se remaria. Le jeune couple eut des enfants dont les descendants vivent sans doute parmi les habitants du village et voilà pourquoi ce coin de forêt s’appelle le Fon de Cristal.

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